"Une chose est sûre : les consommateurs auront besoin de davantage de transparence, de traçabilité et de garanties sécuritaires et sanitaires", Pascale Brousse, Trend Sourcing

"Une chose est sûre : les consommateurs auront besoin de davantage de transparence, de traçabilité et de garanties sécuritaires et sanitaires", Pascale Brousse, Trend Sourcing.

- (c) Getty Images

L'écologie est-elle l'ennemie de l'économie de marché ? La protection de la planète implique-t-elle forcément une forme de restriction des libertés individuelles ? Pour vivre mieux, doit-on forcément faire avec moins ? Ces dernières années, l'idée selon laquelle la lutte impérieuse contre le changement climatique ne pouvait s'opérer que dans un système économique profondément repensé s'est largement répandue. A gauche notamment, la critique systématique du capitalisme ne se fait plus au nom de la défense des travailleurs mais au nom de la protection de la planète.

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Point de salut sans mise à bas du libéralisme, de la concurrence, voire de la propriété privée. Dans son dernier essai, l'économiste Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l'ESCP Business School - et également chroniqueur à L'Express - propose une troisième voie. Entre la décroissance punitive et la sobriété heureuse, il y a de la place pour penser une "écologie libérale". Un oxymore, diront certains. Une leçon d'histoire, répond Jean-Marc Daniel.

La leçon des physiocrates

En fin spécialiste de l'histoire économique, l'auteur nous replonge au XVIIIe siècle pour (re)découvrir les physiocrates, une école de pensée aujourd'hui tombée dans l'oubli. Son rôle a pourtant été fondateur dans le développement de la pensée économique, même si sa production intellectuelle a finalement été limitée dans le temps. "Notre époque, tracassée à juste titre par les conséquences écologiques de son développement, ne devrait pas ignorer un mouvement intellectuel dont le nom même traduit le fait qu'il est centré sur le pouvoir économique de la nature", écrit l'auteur.

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Ainsi, au fil des pages, nous faisons connaissance avec Pierre Samuel du Pont de Nemours, l'inventeur du nom "physiocratie", Richard Cantillon, Nicolas Baudeau et surtout François Quesnay, chirurgien du roi qui s'inspirera de la circulation sanguine pour théoriser la circulation des biens dans l'économie. Quesnay qui définit les clefs de l'économie politique : "Le roi - c'est-à-dire l'Etat - est impécunieux parce que sa base taxable est faible. Et cette base taxable reflète l'action et l'enrichissement du paysan dont une des forces est de se conforter en permanence à l'ordre naturel".

Reste la question principale : quelle leçon tirer des physiocrates aujourd'hui ? "Il ne faut pas ignorer les problèmes environnementaux mais lutter contre leur utilisation pour justifier un renforcement de l'Etat. Ces problèmes trouveront une réelle solution grâce à la concurrence, et certainement pas grâce à un interventionnisme étatique désordonné et fallacieux car financé à crédit," écrit Jean-Marc Daniel. Le débat est grand ouvert.

Redécouvrir les physiocrates. Plaidoyer pour une économie intégrant l'impératif écologique. Editions Odile Jacob. 210 pages, 19,90 euros.

Note de l'Express 4/5

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