Retour sur la Matinale de l'Economie Circulaire

Le 5 mars dernier, l’équipe de la chaire ESCP Deloitte Économie Circulaire, ses partenaires, un panel d’experts et un public nombreux, étaient réunis à l’ESCP pour une matinale dédiée aux enjeux de la quantification, de la mesure, et d’évaluation de l’Économie Circulaire.

Voici une reprise très synthétique des temps forts de cette matinale et pour approfondir des liens vers supports présentés. Bonne re-découverte !

Aurélien Acquier, co-directeur scientifique de la Chaire, accueille le public en reliant la question de la mesure de l’économie circulaire à des enjeux organisationnels :  "Une organisation (et même une économie), c’est un écosystème d’indicateurs, qui sont imbriqués. Qu’est ce qui fait qu’un indicateur devient un "Keystone indicator"? Comment les systèmes de mesure de l’économie circulaire sont-ils intégrés dans les processus de décision de l’organisation ? Comment les acteurs s’en emparent dans des choix d’investissement, au sein de l’entreprise ou chez ses financeurs ?".

Nouvelles de l’écosystème Circulaire

David Laurent, d’Entreprise pour l’environnement (EPE) présente les résultats de la récente étude sur les indicateurs de l’économie circulaire pour les entreprises qui met en évidence la diversité des approches selon les secteurs, les modalités de mise en œuvre de la circularité,  et des démarches pragmatiques de co-construction.  

Marie-Anaïs Berline, de l’Institut de l’Économie Circulaire (INEC), poursuit en expliquant l’approche de WBCSD, rassemblant plus de 200 entreprises internationales, pour définir la circularité d’une entreprise. Si vous voulez en savoir plus.

Anne Christine Ayed, associée AOC Innovation, dévoile les résultats d’un projet mené à l’initiative du Ministère de l’Économie Luxembourgeois autour des données circulaires : "ce n’est pas seulement les ressources qui doivent circuler, mais aussi les données sur ce que contiennent les ressources tout au long de la chaine de valeur". Le PCDS est une démarche pour standardiser les données sur la circularité d’un produit quel que soit sa position sur la chaine de valeur…et même s’il s’agit de données confidentielles du point de vue des acteurs eux-mêmes. 

Enjeux et défis de l’analyse du cycle de vie (ACV)  

Stéphane Morel, expert Matériaux au sein du Groupe Renault, rappelle la spécificité de la visée de Renault en matière de développement durable : "assurer une mobilité durable pour tous, pas seulement pour une élite, afin d’avoir un vrai impact sur l’environnement" et les différents périmètres de l’analyse de cycle de vie chez Renault : l’empreinte globale de l’entreprise, mais aussi celle de chaque produit et celle des innovations futures. Retraçant l’histoire du groupe, Stéphane mentionne plusieurs initiatives circulaires : le plastique recyclé dans le cockpit, les textiles recyclés dans la Zoé, le recyclage de pièces de moteur, ainsi que d’autres projets qui vont dans le même sens comme l’auto-partage ZITY ou le concept car modulaire Renault Morphoz dont la taille de la batterie s’adapte au besoin du conducteur. Même si des défis restent à relever pour bien mesurer les impacts sociaux, locaux et les externalités, "un indicateur de "valeur préservée" est mis en œuvre par étape " depuis le respect de la réglementation, l’alignement/intégration autour de l’empreinte carbone, l’extension au cercle des partenaires avec le véhicule électrique, puis mais c’est encore une "utopie réaliste", une dernière étape intégrale où l’entreprise est tellement fondue dans son écosystème qu’elle n’existe plus et où les bénéfices sont partagés. 

Augustin Chanoine, Senior Manager chez Deloitte, revient sur l’intérêt de ACV pour traiter la question de la performance environnementale des projets. Pourquoi l’ACV parmi la diversité d’outils développés répondant chacun à des besoins précis ? "Parce que l’ACV est une méthode socle/fondamentale, scientifiquement robuste, utilisée de manière croissante par tous les types d’acteurs,  et systémique". L’ACV multi-critères et multi-étapes permet d’"éviter les transferts de pollution cachée" d’une étape à une autre ou d’une dimension environnementale à une autre. C’est un raisonnement global par fonction et par service rendu. C’est pour cette raison qu’il est absurde de comparer l’empreinte d’un parpaing à celle d’un pot de peinture dans l’absolu, sans s’interroger d’abord sur la fonction qu’ils remplissent. Ces questions s’appliquent à tous les secteurs, de l’industrie spatiale à la consigne de bouteilles : dans ce dernier cas, à partir d’une certaine distance, le système de réutilisation est moins performant que le recyclage. Les points d’attention à retenir selon Augustin : l’unité fonctionnelle, les incertitudes sur des sources des données (de l’ordre de 20% pour l’empreinte carbone, mais de 100% pour la toxicité), le périmètre de l’étude et les choix méthodologiques, et surtout, au-delà de l’approche fonctionnelle, "attention à ne pas oublier la sobriété" (quand un bon pull permet de se passer de chauffage) !  

Table ronde sur les nouvelles approches de l’analyse d’impact, confrontation de  

Notre table ronde associant à Stéphane Morel et Augustin Chanoine, un gestionnaire d’actifs et la Banque des Territoires visait à confronter le point de vue des investisseurs et des entreprises s’agissant de la mesure d’impact.

Anne-Claire Abadie, Portfolio Manager and Environmental Specialist, chez Sycomore AM, présente la NEC « Net Environmental Contribution » permettant à un investisseur d’évaluer la contribution d’une activité, d’un projet ou d’une entreprise à l’environnement. Aujourd’hui, la plupart des indicateurs utilisés par les investisseurs verts reflètent seulement l’empreinte opérationnelle (scope 1 et 2) et ne tiennent pas compte de 97% des émissions liés aux usages (scope 3). La NEC prend comme périmètre non pas une entreprise (Ex : Ferrari) ou un secteur (Ex : l’automobile) mais une fonctionnalité (Ex : la mobilité) pour analyser et comparer l’empreinte environnementale en fonction d’un usage (Ex : se déplacer sur 100km).

Jacques Rosemont, Directeur de projet développement durable à la Banque des Territoires / Caisse des dépôts, expose la démarche de financement de la CDC en lien avec le développement durable : pour financer la rénovation énergétique des bâtiments, il s’agit d’évaluer les coûts et risques évités et "sanctuariser" l’argent non dépensé. "C’est la logique de projets, de solidarité économique et de partenariats entre acteurs qui permet de maitriser les risques et de favoriser l’écologie industrielle à l’échelle des territoires".


Réécoutez les échanges ici

Pour aller plus loin, retrouvez les supports des interventions :

David Laurent, de l’association Entreprise pour l’environnement (EPE)

Marie-Anaïs Berline, Institut de l’Économie Circulaire (INEC) 

Anne Christine Ayed, associée AOC Innovation 

Stéphane Morel, Expert Matériaux au sein du Groupe Renault

Augustin Chanoine, Senior Manager chez Deloitte

Anne-Claire Abadie, Portfolio Manager and Environmental Specialist, chez Sycomore AM

Jacques Rosemont, Directeur de projet développement durable à la Banque des Territoires / Caisse des dépôts


Nous remercions tous nos intervenants pour la richesse de leurs exposés et des débats, ainsi que notre partenaire Deloitte, et EPE et l’INEC qui se sont associés à nous pour cet évènement.

Circular Economy Chair

Cécile Ezvan, Valentina Carbone et Aurélien Acquier

Campuses