Après le thème des nouveaux modèles économiques créateurs de valeur en 2016, celui de l’éthique en 2017, Sandrine Macé, Directrice Scientifique de la Chaire IoT a choisi pour la rencontre 2018 le thème du design. « En effet », rappelle-t-elle, « la présence de l’objet connecté dans notre intimité inquiète.  Discret, nous l’accusons de se faire oublier pour capter le maximum d’informations. Visible, nous éprouvons des difficultés à percevoir la machine, futuriste et minimaliste, comme vecteur d’une relation intime et chaleureuse entre le service proposé par la marque et nous. Dans une décennie dominée par le souci de l’optimisation du parcours client et de la User Experience, qu’en est-il du design de l’IoT ? Faut-il croire Philippe Starck lorsqu’il déclare que dans 10 ans, le design disparaitra et que les produits seront dématérialisés ? ».

Un parterre d'experts pour cette 3ème rencontre

Sandrine Macé, a réuni autour d'elle :

  • Frédéric Beuvry, Head of Design Schneider Electric
  • Benoît Heilbrunn, Professeur, ESCP 
  • Pierre Garner, Designer associé, Eliumstudio
  • Giuseppe Attoma, Fondateur et Directeur Général, Attoma Design
  • Emmanuel Bavière, Global Head of Innovation Center, Société Générale
  • Olivier Wathelet, Anthropologue, Users Matter
  • Jérôme Dokic, Directeur d’études, EHES

Focus sur 5 idées clés défendues par nos intervenants

  1. Oui, le design de l’IoT est spécifique même si l’IoT constitue un cas particulier d’un phénomène plus répandu, celui d’une écologie informatique répandue dans tout notre quotidien.
  2. Oui, le design est un levier d’attachement à l’IoT car il va permettre d’exprimer la singularité de la marque, d’en faire une "love brand", en particulier dans des marchés de commodité où la fonction d’usage de l’objet ne suffit pas à créer un engagement suffisant des clients pour justifier un prix plus élevé que celui de la concurrence.
  3. Non, le design de l’objet connecté ne doit pas être "techno-centric" mais human centric : "Mind the user" en pensant expérience (et non utilisation), usage (et non possession), service (et non produit) ou encore être (et non avoir), et plus largement en donnant du sens à la captation des données.
  4. Oui, le design de l’IoT doit plus que jamais intégrer une composante émotionnelle, comme le montre l’échec de certains dispositifs de substitution sensorielle, très efficaces techniquement mais dépourvus de contenu émotionnel.
  5. Non, le design de l’IoT ne doit pas s’inspirer du probable mais chercher le préférable : au lieu de se focaliser sur les tendances, dont le caractère durable est dur à estimer, les designers devraient chercher à coller aux attentes des usagers en travaillant sur les scenari "préférables", notamment au moyen de méthodologies comme le "design fiction", qui permettent de se  projeter dans des univers vraisemblables afin d’identifier des usages potentiels.

Gaetan Raoul, Journaliste pour objetsconnectés.com (Publithings) a assisté à la conférence. Retrouvez son compte-rendu ici

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